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Le Créa menacé de disparition par manque de financement

Le Créa, centre de création vocale et scénique d’Aulnay-sous-Bois, pourrait mettre la clé sous la porte dans quelques semaines. Depuis l’abandon du projet de centre de création vocale et scénique fin 2014 par manque de financement, la structure qui fêtera ses 30 ans l’an prochain peine aujourd’hui à trouver de nouveaux partenaires.

La dernière comédie musicale du Créa "Singing in the Train" a séduit une fois de plus le public. |© E. Floch
La dernière comédie musicale du Créa « Singing in the Train » a séduit une fois de plus le public. |© E. Floch

La nouvelle sonne mal. Le Créa, centre de création vocale et scénique d’Aulnay-sous-Bois, a révélé ce matin à nos confrères de France Musique être en grandes difficultés financières. Le modèle de « la musique pour tous », véritable ambassadeur du rayonnement culturel de la ville, peine depuis plusieurs mois en effet à trouver de nouveaux financements.

Le Créa est installé depuis plusieurs décennies au Théâtre Jacques Prévert d’Aulnay-sous-Bois, faute d’avoir ses propres locaux. Pourtant, l’idée était là: ouvrir un centre de création vocale et scénique dans la Ferme du Vieux-Pays. Monté depuis une quinzaine d’années, ce projet était en 2012 soutenu par la Ville d’Aulnay-sous-Bois, par le département de Seine-Saint-Denis, par la région Île-de-France, l’État et des partenaires privés. L’installation du Créa devait se faire après un réaménagement complet des lieux avec une fin des travaux annoncée pour 2017. Le projet obtient même le label Grand Paris en tant que « projet phare de démocratisation et de développement culturel ».

Pas de centre de création, par manque de financement

Mais au milieu de l’année 2014, le nouveau maire (LR) d’Aulnay-sous-Bois annonce que la mairie ne pourra finalement pas financer le projet. « Bruno Beschizza m’a expliqué que dans le contexte du déficit de 15 millions d’euros pour la ville, il ne peut plus continuer à soutenir le projet du Centre. Malgré le fait que toutes les structures culturelles aient subi une baisse de leurs dotations, le maire a reconnu l’intérêt du Créa pour la Ville qu’il a caractérisée de ‘locomotive de la vie culturelle d’Aulnay’ et a maintenu sa subvention (31%) » détaille Didier Grojsman, directeur du Créa. Il serait en effet un mensonge de dire que la mairie a abandonné l’association puisque sa subvention n’a pas été diminuée au contraire d’autres structures culturelles locales.

En presque 30 ans, 55 créations dont une vingtaine d’opéras ont permis à de jeunes amateurs de monter sur scène et de faire partie d’un spectacle de haut niveau. Outre toutes les activités de la structure liées à la création scénique et vocale à destination des « élèves », le Créa a décliné sa pratique du chant choral « hors les murs » dans le milieu scolaire ou hospitalier, avec les adultes ou par les formations des chefs de chant sur Aulnay-sous-Bois, sur le Département de Seine-Saint-Denis, et même au-delà, en travaillant avec les Académies de Versailles, Créteil, Paris et Toulouse. « Belle effervescence pour une structure qui n’a pas de lieu propre » insistent nos confrères.

Les mécènes quittent le navire faute de projet novateur réalisable

Avec ce projet de réaménagement de la Ferme du Vieux-Pays, Didier Grojsman avait l’impression de voir une reconnaissance tardive, mais concrète, du travail fourni par les équipes : « Evidemment qu’on l’attendait tous, depuis 1993, l’année où nous avons lancé l’idée de la création d’un centre. Mais en plus, le projet du Centre nous a permis à fidéliser les mécènes importants qui ont été séduits par le côté novateur : un lieu ouvert à la formation musicale des amateurs, c’était le principal argument pour qu’ils s’engagent. »

Et malgré l’engagement de la Ville, il demeure pourtant difficile de voir un avenir serein pour la structure culturelle sans des investissements privés. « Le mécénat représente 12% de notre budget, et deux mécènes importants ne seront plus avec nous à partir de 2016. Le mécénat sera pour nous d’une importance cruciale dans les années à venir, seulement il nous est de plus en plus difficile de convaincre les mécènes de nous soutenir sur nos activités » explique le directeur, également chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres mais aussi de l’Ordre des Palmes académiques.

Silence radio du côté du Département, de la Région et de l’Etat

Alors le Créa se rapproche des collectivités territoriales et des structures de l’Etat, en vain. Dans un contexte de diminution des dotations de l’Etat, les collectivités ne répondent plus. Didier Grojsman tente de rebondir: « Je ne sais plus quoi faire. Le Conseil général, le Conseil régional et la DRAC n’ont pas revu leur subvention depuis 5 ans (elle représente en tout 11% du budget), alors que nos activités ont explosé, et notamment en termes d’implication sur le territoire. On ne peut vraiment pas dire que nous travaillons entre nous, dans notre coin. Le Créa rayonne sur tout le Département, et au-delà, à former, à encourager le vivre-ensemble, à porter la culture jusqu’à ceux qui n’y ont pas accès : écoles, quartiers, projets intergénérationnels, hôpitaux, publics empêchés, la démarche du Créa se décline facilement et à l’infini. Pourtant, tout le monde est d’accord pour dire que le Créa est l’exemple même de la démocratisation de la culture. »

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