En décembre prochain, les Français seront invités à se rendre une nouvelle fois aux urnes à l’occasion des élections régionales. Après de nombreuses échéances repoussées mois après mois par le gouvernement, ce scrutin aura enfin lieu les 6 et 13 décembre 2015. Il s’agira pour les franciliens de renouveler les 209 sièges de conseillers régionaux répartis sur les huit départements de la région Île de France.
Présidée depuis 17 ans par le socialiste Jean-Paul Huchon, la région Île de France regroupe plus de 12 millions d’habitants aux quotidiens et réalités très disparates les unes des autres. Avec sa superficie de plus de 12 000 km² et ses 1 280 communes, l’Île de France demeure la plus peuplées des régions de notre pays. Elle également la plus riche avec un budget annuel de près de 5 milliards d’euros. Ses missions sont larges et nombreuses : les déplacements urbains (STIF), le logement, l’emploi avec un soutien à l’économie régionale, à la formation et à l’apprentissage, la recherche, les études et les universités, la protection de l’environnement (parcs naturels régionaux), la culture et les sports, l’action à l’international ou encore le vivre ensemble. Pourtant, après 17 ans années de gestion par la gauche dans un système à présent rôdé, les sujets qui fâchent se multiplient: accentuation des problèmes matériels dans les transports en commun, insécurité grandissante sur le territoire, pénurie de logement en ville, agriculture à l’abandon, zones rurales délaissées… L’Île de France est en crise.
Claude Bartolone, candidat PS par défaut
Les 6 et 13 décembre prochain, il s’agira d’élire le nouveau président et sa nouvelle équipe. Au total, 209 postes sont à renouveler. Pour cela, une liste dans chaque département sera formée par les partis politiques afin d’obtenir la majorité la plus large. Et à la tête de ces mouvement se trouvera un élu référent, généralement élu président de la région par la suite. A gauche, la majorité sortante à longuement hésité dans le choix de son successeur: Jean-Paul Huchon (Parti Socialiste) n’était pas défavorable à un troisième mandat malgré un bilan lourd et critiqué, sa première vice-présidente en charge des finances Marie-Pierre de la Gontrie s’étaient également montrée intéressée par le poste. Mais c’est dans un climat de tension que le Président de la République François Hollande en personne a décidé de mandater le quatrième personnage de l’Etat Claude Bartolone pour mener à bien cette mission. Actuellement occupé par la présidence de l’Assemblée Nationale, Claude Bartolone part cependant avec son propre handicap, celui de son bilan à la tête du conseil général de la Seine-Saint-Denis: un récent rapport de la Cour Régionale des Comptes montre des dérives financières et la réalisation de budgets non sincères permettant acquisition de dotations supplémentaires de l’Etat alors que le pays était déjà mal en point.
Pécresse (LR) favorite, le FN parachute et les Verts restent discrets
Mais à droite, on entend pas le renouvellement de la même oreille. Valérie Pécresse (les Républicains), qui était déjà candidate à la présidence en 2010, est en campagne depuis de nombreux mois sur le terrain. Celle qui souhaite prendre la présidence de la région en décembre prochain a toutes ses chances de l’emporter: le bilan de l’actuelle majorité joue en sa faveur et la mauvaise posture du gouvernement socialiste plombe les espoirs de la gauche régionale. De plus, elle pourrait bien bénéficier de la vague bleu entamée aux dernières municipales et poursuivie en mars dernier pour les départementales. Enfin, elle bénéficie d’une avance considérable sur ses adversaires: sa campagne de terrain lui a permis d’installer son visage et de se faire connaître de par son caractère franc et direct. L’UDI aurait pu être emmenée par Chantal Jouannot bien qu’un accord semble conclut entre les Républicains et le parti centriste en vue d’une alliance. Cependant, Valérie Pécresse aimerait se positionner et révéler ses premiers composants des listes départementales avant la fin de l’été chose que refuse l’union démocrate. Le Front National sera aussi de la partie avec un candidat tout droit venu du nord de la France: Wallerand de Saint-Just. Inconnu sur le terrain, il militera certainement des idées nationalistes dépassées qui sauront convaincre certains électeurs qui se sentent aujourd’hui abandonnés par le reste de la classe politique. Du côté des écologistes, c’est Emmanuelle Cosse (Europe Ecologie Les Verts) qui dirigera le mouvement vert en région Île de France. Au Front de Gauche, les idées ne sont pas encore claires concernant une potentielle candidature. Nicolas Dupont-Aignan a également révélé son souhait de mener une liste de son parti Debout La France. Quant à Nathalie Arthaud, elle compte emmener avec elle une liste Lutte Ouvrière pour tenter d’acquérir quelques places au sein de l’assemblée régionale.
Aulnay-sous-Bois, un vivier de candidatures en Seine-Saint-Denis
En Seine-Saint-Denis, les premières candidatures se dévoilent en vue de la composition des listes départementales. Mais c’est à droite que les choses commencent sérieusement à se dessiner. Bruno Beschizza, maire (les Républicains) d’Aulnay-sous-Bois a été hier officiellement investi par la Commission Nationale d’Investiture de son parti en vue de prendre la tête de la liste départementale pour soutenir Valérie Pécresse. A ses côtés, les premières candidatures donnent de la voix comme Geoffrey Carvalhino, jeune conseiller municipal d’opposition à Pantin. Mais c’est surtout à Aulnay-sous-Bois que les candidatures se bousculent: Alain Ramadier, élu régional de 2004 à 2010, a fait savoir qu’il était intéressé par une place sur la liste tout comme Fouad El Kouradi, conseiller municipal. Pour l’heure, aucune confirmation de ces trois noms n’a été donnée concernant une potentielle présence sur la liste de droite qui devra aussi être formée de personnalités centristes. Mais à gauche aussi, les premiers noms circulent. Ahmed Laouedj pourrait bien prendre la tête d’une liste du Parti Radical de Gauche, tout en ne sachant pas pour l’heure s’il s’agira d’une candidature indépendante du Parti Socialiste. S’il y a bien une chose dont on est certain, c’est l’avenir d’Alain Amédro (Europe Ecologie Les Verts). L’actuel vice-président en charge de l’aménagement du territoire a fait savoir en début d’année sa volonté de ne pas se représenter par conviction personnelle. Mais la principale inconnue demeurera la participation. En mars 2010, elle n’avait excédé 43% au premier et 47% au second tour. Un chiffre qui est même descendu à seulement 36% au premier tour en Seine-Saint-Denis.