Catégories
Economie Entreprises Non classé

PSA arrête sa production à Aulnay dans deux mois

Le groupe automobile a annoncé l’arrêt anticipé de la production de la Citroën C3 sur le site d’Aulnay-sous-Bois en octobre prochain. Le maire Gérard Ségura condamne cette décision et demande à ce que les engagements soient respectés.

Un ouvrier à l’entrée du site PSA de Aulnay-sous-Bois il y a tout juste un an. | (C) Thibault Camus/AP/SIPA

Cette fois-ci, c’est vraiment la fin. Alors qu’il y a encore un an, les voitures sortaient par centaines des ateliers d’Aulnay-sous-Bois, aujourd’hui, elles ne sont plus qu’une dizaine. Fin octobre, les ouvriers de cette usine emblématique de la firme automobile française PSA Peugeot-Citroën livreront leur dernière C3 pour ne plus produire que des pièces détachées jusqu’à la fermeture définitive en 2014. « Le coeur de notre métier, c’est la fabrication de voitures. Si les Citroën C3 ne sortent plus de l’usine, c’est la fin », constate avec regrets Tanja Sussest, déléguée du syndicat SIA.

Une nouvelle page se tourne

La fermeture du site aulnaysien de PSA a été annoncée en juillet 2012 dans le cadre d’un vaste plan de restructuration. C’est ce même site qui avait été paralysée par une longue grève entre janvier et mai qui avait divisé syndicats et salariés. Depuis, l’usine ne produisait plus qu’au compte-gouttes en raison des nombreuses absences de salariés reclassés en interne suivant des formations de reconversion ou ayant trouvé un emploi ailleurs. « Seul un poste sur cinq est actuellement occupé dans l’atelier de montage », a indiqué la direction à l’AFP pour expliquer sa décision, annoncée vendredi matin aux syndicats.

« Concrètement, ça ne va pas changer grand-chose », reconnaît Tanja Sussest du syndicat majoritaire du site automobile. Mais pour les salariés qui ne reviendront de vacances que lundi, ça va être un cap difficile à passer. La fermeture de l’usine va devenir une réalité », ajoute-t-elle. Après fin octobre, « on se concentrera sur la production de pièces comme des capots, des portières, on ne fera plus de véhicules complets », a précisé une porte-parole de la direction. Ces pièces seront ensuite expédiées vers d’autres sites du groupe Peugeot-Citroën. « C’est un moyen pour PSA de passer à autre chose et de pouvoir mobiliser les gens sur d’autres projets » juge un analyste qui a demandé à rester anonyme.

Une activité industrielle maintenue sur le site jusqu’à fermeture

Insistante, une porte parole de la direction de l’usine remarque que le groupe « respecte son engagement de maintenir une activité industrielle sur le site jusqu’en 2014 ». Peu surpris de cette décision, le Maire d’Aulnay-sous-Bois Gérard Ségura a publié un communiqué dans lequel il indique qu’il avait évoqué « cette éventualité avec la direction du site, qui équivaut à une quasi cessation d’activité » mais que cette dernière « ne pouvait être envisagée sans que chacun des salariés n’ait au préalable trouvé une issue à sa situation ».

« J’attends de la direction du groupe automobile qu’elle respecte scrupuleusement ses engagements en la matière et ne se décide pas à fermer l’usine en laissant derrière elle un seul salarié sans emploi ou sans un projet solide de reconversion » poursuit le premier magistrat de la ville. « J’entends que les engagements pris par PSA concernant l’installation d’IDLogistics dans la partie nord-est du site ne soient pas remis en cause, ce qui équivaudrait à un désaveu lourd de conséquences » indique monsieur le Maire.

Une solution contre la perte d’argent

« Ces usines sont de très gros paquebots, compliqués à faire fonctionner (…) arrêter ça, ce sont quand même des soucis et des coûts en moins » pour la direction, estime un analyste. Sur les 3.000 salariés de base, il n’en reste que la moitié sur le site selon un dernier comptage publié en juillet par l’entreprise soit environ 1.400 personnes. Ces personnes ne sont pas toutes encore fixée sur leur sort. Parmi ceux-ci, 850 salariés « sont engagés dans un projet identifié de reclassement » et 550 « ne se sont pas encore déterminés », selon la firme automobile dont les ventes ne s’améliorent pas de mois en mois. « Pour l’instant, on est loin du compte », déplore Philippe Julien, secrétaire général de la CGT de l’usine, qui juge « extrêmement faible » le nombre (568 selon lui) de reclassements au sein du groupe. Le plan social « qui devait être exemplaire, est un véritable fiasco en terme d’emplois et de reclassements », a abondé son camarade CGT Jean-Pierre Mercier.

Les bons comptes font les bons amis

Du côté de la mairie, on se défend d’agir depuis le début du combat aux côtés des salariés. « Nous avons pris nos responsabilités dans le traitement prioritaire du dossier d’implantation de la société IDLogistics en vue du reclassement du plus grand nombre de salariés de PSA-Aulnay dans des conditions de salaire et de carrière qui se rapprochent le plus possible des attentes du personnel. » Alors que la phase de départs volontaires du plan social s’achèvera le 31 décembre prochain et que le groupe a promis à plusieurs reprises qu’il n’y aurait « pas de licenciement sec », le maire de la ville de 82.000 habitants ne voit pas les engagements du groupe s’exaucer. « En juillet dernier, seuls 5 salariés avaient manifesté le souhait de rejoindre les effectifs d’IDLogistic. A ce jour, la direction de PSA évoque un objectif d’embauche de 150 salariés d’ici fin 2013. Je constate donc que nous sommes très loin des 540 emplois annoncés » déplore t-il.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *